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Ces cabanes Tchanquées ont une histoire : secrets et anecdotes sur ces icônes du Bassin
Je parie que vous avez déjà vu ces deux cabanes perchées au-dessus de l’eau : silhouettes légères, volets rouges ou blancs, un soupçon de mystère qui flotte entre ciel et marée. Mais derrière les cartes postales, les cabanes tchanquées recèlent une histoire dense, parfois rocambolesque. Allez, on lève le voile !
1. D’où vient ce drôle de nom ?
« Tchanquées » vient du gascon chancas : « monté sur des échasses ».
Les bergers landais surveillaient leurs troupeaux ainsi ; les ostréiculteurs ont repris l’idée pour garder leurs parcs sans avoir les pieds dans la vase.
2. La toute première cabane : 1883, version “bric & broc”
- Martin Pibert, ostréiculteur de Gujan-Mestras, obtient l’autorisation de planter la cabane n° 1 au lieu-dit Sourdouille pour dissuader les voleurs d’huîtres.
- Matériaux de récup’, tempêtes récurrentes : elle tient 60 ans avant d’être balayée en 1943.
- À marée basse, on voit encore ses pieux rongés… un vestige plein de poésie.
3. Les « deux vieilles dames » : cabanes 51 & 53
[volets rouges] Cabane n°51 (1945) – Batisseur : Mr Landry, charpentier d’Arcachon. Cedée à la commune par son propriétaire, récemment démontée puis rebâtie (2023-24) pour résister aux prochains coups de vent.
[ volets blancs] Cabane n°53 (1948) – Bâtisseur : Mr Julien Longau, entrepreneur et élu. Rachetée par l’État, restaurée à l’identique en 2007-2018 ; budget ≈ 600 000 €. Aujourd’hui gérée par la commune.
Fun fact : la numérotation correspond aux concessions maritimes accordées par la Préfecture, pas à l’ordre de construction.
4. Pourquoi seulement deux cabanes sur pilotis ?
L’Île aux Oiseaux héberge une cinquantaine de cabanes « au sol ». Les deux tchanquées sont les seules sur pilotis ; elles servaient de postes avancés, idéalement placés pour entrapercevoir tout pillage de poches à huîtres (et pour la sieste entre deux marées !).
5. Anecdotes croustillantes
- Ouragan de 1940 : la cabane n° 1 manque déjà de s’envoler ; Pibert la rafistole avec… des rails de tram de Bordeaux. Elle tiendra trois ans de plus.
- Volets rouges contre volets blancs : à l’origine, les volets étaient gris. La couleur actuelle date des années 1970 pour faciliter la photo… instagram avant l’heure !
- Pas de Airbnb possible : statut de domaine public maritime ; seules les familles concessionnaires peuvent y dormir, et sans eau potable ni électricité !
6. Entre légende et règlementation
- Hauteur réglementaire : pilotis à 3 m au-dessus du zéro hydrographique ; on garde les pieds au sec, même lors des grandes marées de 110.
- Matériau : pin maritime local, remplacé désormais par l’azobé (bois exotique imputrescible) pour augmenter la durée de vie.
- Visite interdite : seules les embarcations peuvent s’en approcher ; débarquer est passible d’amende (protection de l’Île aux Oiseaux, zone sensible Natura 2000).
7. Pourquoi fascinent-elles autant ?
- Icône visuelle : avec la Dune du Pilat, c’est LE cliché signature du Bassin. Toute agence de voyage en use (et en abuse) pour vendre la destination.
- Symbole d’un art de vivre : simplicité, bois brut, dialogue permanent avec la marée.
- Rareté : deux cabanes, point final. Leur accès limité nourrit le fantasme.
- Résilience : elles survivent aux tempêtes, aux xylophages, aux polémiques, et se relèvent toujours.
8. Comment les admirer sans enfreindre la loi ?
- Option speed-boat (Zodiac) : efficace, pas de taud de soleil, manque de place à bord et manque d’agrément.
- Option catamaran : confortable mais tirant d’eau plus grand, on reste à distance.
- Option pinasse cruiser : tirant d’eau minimal, silence du moteur feutré, pont au ras des flots ; on longe les pieux sans troubler la quiétude des oiseaux.Croisière Jouvence vous y emmène… mais ça, vous le saviez déjà 😉.
En résumé
Les cabanes tchanquées ne sont pas de simples chalets surélevés : ce sont des sentinelles historiques, nées de la lutte contre le vol d’huîtres, devenues totems culturels du Bassin. Chacune cache ses secrets, ses tempêtes, ses légendes familiales – et c’est précisément ce mélange d’utilitaire et de poésie qui les rend inoubliables.
À la prochaine marée, on embarque ?



